Bonjour cher.e.s camarades,
 
L’UD CGT de la Creuse souhaite vous inviter à la cérémonie pacifiste du centenaire du monument aux morts de Gentioux ce 11 novembre.Ce même jour, les syndiqués de la Fédération de la Construction, du Bois et l’Ameublement rendront hommage au camarade Félix Baudy, fusillé pour l’exemple en 1915 pour son appartenance à la CGT. Cet hommage aura lieu le matin à 10h00 au cimetière de Royère-de-Vassivière, avec le dépôt d’une nouvelle plaque.
Nous rejoindrons ensuite la cérémonie pacifiste à Gentioux
 
Nous vous invitons ensuite au restaurant pour un repas fraternel avec les camarades de la FNSCBA à Faux-la-Montagne.
 
Merci de nous prévenir si vous mangez avec nous, le nombre de place est limité ! Nous avons besoin de vos réponses avant le 1er Novembre.
 
Fraternellement,
L’UD CGT de la Creuse
 
Pour finir un peu d’histoire :
Félix BAUDY est né le 18 septembre 1881 à Royère-de-Vassivière et Henri PREBOST le 1 septembre 1884 à Saint Martin Château. Félix et Henri étaient maçons, obligés de s’exiler comme beaucoup d’hommes des villages creusois. Ces militants du syndicat de la Confédération Générale du Travail (fondée à Limoges en 1895), travaillaient habituellement sur les chantiers de Lyon.
Pendant la guerre de 1914-1918, ils ont été incorporés au 63e RI, 5e Cie. Félix BAUDY et Henri PREBOST ont été fusillés pour l’exemple le 20 avril 1915 à Flirey, suite au refus collectif de leur compagnie de remonter à l’assaut de la crête de Mort-Mare.
Le 19 avril 1915, une attaque devait avoir lieu à Mort-Mare, afin d’enlever les derniers 200 mètres de tranchée encore occupés par les Allemands au centre d’une première ligne conquise quelques jours plus tôt avec la perte de 600 hommes. Un régiment détaché dans le secteur de Flirey depuis la fin de l’offensive le 11, devait la conduire. Les troupes d’assaut avaient été tirées au sort et le hasard avait désigné l’une des compagnies fortement malmenées les 3, 4 et 5 avril lors des combats sur la route de Thiaucourt. Au signal de l’attaque cette compagnie de 250 hommes refuse de partir à l’assaut: « ce n’est pas notre tour d’attaquer » disent-ils. Furieux, le général DELETOILE ordonne que les 250 soldats passent en cour martiale pour être tous exécutés. Après l’intervention d’autres officiers, cinq hommes sont finalement désignés et comparaissent dès le 19, pour une parodie de procès. L’un d’eux est acquitté. Deux hommes ont été choisis par tirage au sort dont le soldat François FONTANAUD. Les trois autres : le caporal Antoine MORANGE et les soldats Félix BAUDY et Henri PREBOST ont été désignés par leurs supérieurs en raison de leur appartenance syndicale à la CGT. Le 20 avril, le caporal Antoine MORANGE, les soldats Félix BAUDY, François FONTANAUD et Henri PREBOST seront fusillés à la lisière d’un bois de Manonville.
Les Fusillés pour l’exemple de Flirey s’ajoutent à ceux de Vingré, Fontenoy, Fleury, Mouilly, Montauville… En quatre ans, 2 400 « poilus » auront été condamnés à mort et 600 exécutés, les autres voyant leur peine commuée en travaux forcés. Très peu, environ une quarantaine sur 600, ont été rétablis dans leur honneur dans les années 1920 ou 1930. Parmi eux, les fusillés de Flirey ont été réhabilités en 1934. Une rue de Constantine en Algérie à porté le nom de Félix Baudy avant d’être renommée Benlaïd Mohamed avec la libération du pays. Félix BAUDY est enterré dans le cimetière communal de Royère de Vassivière et Henri PREBOST est enterré à Villeurbanne.
 
Le monument aux morts pacifiste de Gentioux (Creuse) à 100 ans le 11 Novembre
Voici donc celui de Gentioux, dans la Creuse, le plus célèbre des monuments aux morts. Il est le plus célèbre car il est le plus farouche. Pourtant en frontispice il porte les palmes de la victoire (ou de la paix ?) et l’inscription « Nos chers enfants » comme n’importe quel monument aux morts de l’époque. En dessous se lit la longue litanie des malheureux hommes qui sont morts dans cette guerre d’épouvante que fut celle de 1914-1918. En tout 63 noms sont inscrits, classés par hameaux de la commune de Gentioux (La Lézioux, Pallier, Joux, Sénoueix, etc, il y a 14 hameaux). Rien que du classique, direz-vous. C’est ensuite que cela se corse.En effet, sous les noms des morts est inscrite l’inscription “ MAUDITE SOIT LA GUERRE ”. Plus bas on lit : “ Commune de Gentioux – Guerre 1914-1918 ”. L’inscription “ Maudite soit la guerre” n’est pas un ajout “ après-coup ” (comme sur le monument de Gy-l’Evêque). Elle apparaît sur un bandeau de pierre en relief, à l’identique du bandeau qui porte l’inscription “ Nos chers enfants”. Dès la conception du monument, il a été décidé de stigmatiser la guerre. Pour se rendre compte de l’audace de cette inscription il suffit de savoir qu’à l’époque tous les monuments aux morts étaient sous le vocable patriotique. Ils exaltaient le courage (statue du Poilu, le fusil à la main, en train de courir à la bataille), la Patrie (le coq gaulois dressé sur ses ergots), la Victoire (statue d’une femme levant bien haut une couronne de lauriers). Ces monuments-là ne remettent jamais en cause la guerre. Il y en a un (au moins) par commune, soit 36 000 dans toute la France qui exaltent le triptyque Patrie-Courage-Victoire. Ceux qui osent dire que la guerre est une saloperie se comptent malheureusement sur les doigts des deux mains. Mais celui de Gentioux fait mieux ! Car devant le monument, a été ajouté une statue de bronze d’un enfant qui dresse un poing vengeur en direction de l’inscription “ Maudite soit la guerre ”. On le voit, les larmes aux yeux et la colère au coeur, brandissant le poing contre cette sale guerre qui lui a pris son père ou son frère (ou les deux). Il porte une blouse et des sabots. A la main il tient sa casquette. A l’évidence c’est un petit paysan. Il appartient à cette paysannerie encore si nombreuse au début du 20e siècle et qui fournit les gros bataillons de l’armée française et… la majorité des morts de la guerre. A lui tout seul il est le peuple Ce monument extraordinaire fut construit le 29 janvier 1922, sur la proposition du maire, Jules Coustaud, adoptée par le Conseil municipal et le Comité des Anciens Combattants. Cette inscription leur paraissait une évidence. Avec 63 tués, cette petite commune avait lourdement payé la facture de la guerre. Et puis le camp militaire de la Courtine est situé à côté. C’est là que furent enfermés les soldats russes qui refusèrent de combattre après la Révolution de 1917. Y a-t-il eu contact et développement des idées bolcheviques dans la région ? Boudé par les pouvoir publics, ce monument est devenu, depuis, un symbole et un lieu de visite pour tous les pacifistes.
MAUDITE SOIT LA GUERRE – MAUDIT SOIENT SES BOURREAUX
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